jeudi 22 janvier 2015

Hors séquences

Successions d'images se confondant pour ne former qu'un. Logo. Logo teinté métallique s'agglutinant au cerveau de l'utilisateur. Design minimal, asymétrique, l'équilibre tenace. Les nappes de synthé qui l'escortent, l'arpeggiator formule basse soutenant le mouvement de la synthèse s'en allant en guerre contre les non-convertis, les non-assimilés, ceux qui dénoncent le Monde-Jeu, "une bande de cinglés qui croit encore que l'ancien temps c'était bien" comme j'ai pu le lire, les cris de colère, d'indignation, les bouffées de narcissisme, collées à l'envie sur les murs du réseau, doléances anonymes, emoticon tirant la tronche en fin de phrase. Épique, tel un shoot d'adrénaline matinal, et le ventre qui gargouille, le tonitruement ordinaire précédant ce qui suit, l'ouverture d'une fenêtre surgissant ni d'Adam ni d'Eve, une jeune fille groovant sur un beat compressé dans les rues de la ville création surpeuplée de LED et de néons, au même timing qu'elle, elle, ses cheveux rouges bouclés, quelques reflets mauves, le regard à la fois olympique et naïf, parfois amoureux, comme si elle était la reine de Saba avec le visage de Gina Lollobrigida amélioré, c'est-à-dire l'épicanthus et les lèvres parfaitement dessinés, l'ensemble étant minimal, drapé d'une peau dorée, naturelle, comme le souvenir agréable d'un périple dans quelques îles vierges, noix de coco, papaye, sable chaud, maison sur pilotis, vu à l'écran, le sponsor de l'émission phare, le couple vedette, Irina & Pavel, les parrains de la petite, elle, nous fixant de son sourire coquin, je bande, pas tellement pour ses beaux yeux, peut-être mécanique, juste ça, comme l'apparition de la voix modulée basse fréquence du speaker anonyme qui nous la présente : « elle s'appelle Lala », oui, Lala, la grande gagnante du jeu dans le réseau. Je ferme. Contiens ma rage. Surtout pas d'insultes à haute voix au risque d'être dénoncé par les charmants voisins. Ouvre une page, des pages, exécute quelques va-et-vient, mais rien qui me tente, trop propres, situations surfaites, presque gênantes, quand surgissent les images mentales légèrement floutées de l'inconnue avec qui j'ai rendez-vous au Starbucks, Place Margaret Thatcher. Je souris. Les premiers rayons de soleil illuminent la pièce de vie. Ça ne peut être que le début d'une belle journée.